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vendredi 27 mars 1970, un train de 9 wagons chargés de maïs
quitte la gare de Pau à destination de Canfranc. Il est tracté
par deux BB Midi : la 4227 et la 4235. Le convoi dépasse la gare
de Lescun-Cette-Eygun et attaque une rampe à 35 mm/m. Mais ce matin
là, il fait froid dans la vallée d’Aspe et la sous-station
d'Urdos ne fonctionne pas, entraînant des chutes de tension entre
les deux sous-stations de Bedous et les Forges d'Abel au milieu des plus
fortes pentes de la ligne. A 6h45, peu après la sortie du tunnel
de Sens, le couplage patine sur les rails couverts de givre. Impossible
de sabler les rails, les sablières des deux locomotives sont vides
! |
Les
deux mécaniciens, après avoir placé la rame sous
freinage rhéostatique, descendent pour mettre des cailloux du ballast
sous les roues. En les écrasant la rame pourrait retrouver son
adhérence et repartir. C'est une bonne idée mais la sous-station
des Forges d’Abel disjoncte et, privée de freinage, la rame
part en dérive. Les deux agents n’y peuvent rien. Le convoi
dévale la ligne. Il repasse devant la gare de Lescun-Cette-Eygun,
aborde à plus de 100 km/h le passage à niveau automatique
de la route de Lescun qui n’a pas le temps de se fermer et finit
sa course dans le gave d’Aspe au pont de l’Estanguet au km
280,683. Déséquilibré par la vitesse, un wagon accroche
la cage de ce pont métallique construit en courbe serrée.
Dans un fracas de tôles pliées, l’ouvrage s’effondre
avec l’ensemble du convoi. Les dégâts matériels
sont spectaculaires mais l’accident n’a pas fait de victimes.
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Le
pont de l'Estanguet et les deux BB Midi après l'accident. |
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Un
accident bien opportun. Aussitôt après l’accident,
le transport des voyageurs est assuré par un service d’autocars
au départ de Bedous. C’est le vendredi Saint, avant
veille de Pâques et de nombreux curieux se pressent pendant
tout le week-end pour découvrir le pont et le train qui ne
sont plus qu’un effroyable amas de ferrailles enchevêtrées. |
Facilement
accessible et de faible portée, le pont de l’Estanguet
aurait pu être remplacé sans difficultés techniques.
Le génie proposa de poser un pont provisoire. Mais la SNCF,
arguant d’un déficit d’exploitation annuel de
1,160 MF (aux conditions économiques de 1970) décida
de ne rien entreprendre. Elle se contenta de remettre la voie en
état jusqu'au pont et de déblayer le gave d'Aspe.
Ce fut le début de la fin pour le transpyrénéen...[suite] |
Un service
"provisoire" qui va devenir définitif... |
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