1853-1904
: un demi-siècle d'incertitudes |
1928-1940
: une exploitation décevante |
1944-1970
: un lent déclin |
1904-1928
: la construction |
1940-1944
: une intense activité |
27
mars 1970 : l'accident |
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1970-2001
: le long chemin de la réouverture |
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De l'idée
d'une ligne transpyrénéenne par le Somport, en 1853, à sa réalisation
complète en 1928, jusqu'à son abandon en 1970, on peut dire que l'histoire
de ce transpyrénéen aura été mouvementée… |
1853 - 1904
: un demi-siècle d'incertitudes |
En 1853,
diverses voix s'élevèrent en Aragon pour réclamer une voie ferrée entre
l'Espagne et la France à travers les Pyrénées centrales. Mais, la France
était plus intéressée par d'autres liaisons internationales : la voie
côtière par Hendaye et Irun, par exemple, qui sera achevée en 1864. |
A la
fin de 1864, le gouvernement de Madrid envoya en France une commission
d'ingénieurs pour étudier la question du tracé des liaisons transpyrénéennes.
Le 27 mars 1865, le ministre des Travaux Publics créa le " Service spécial
d'étude des chemins de fer pyrénéens ". Les premières études établirent
un large éventail de tracés possibles. |
La guerre
de 1870 vint interrompre les études et ce n'est qu'en mars 1875 que les
Espagnols prirent l'initiative de rouvrir les discussions. Sans grand
succès… L'attitude de la France ne devait changer qu'en 1878. Mais cette
fois, c'est le gouvernement de Madrid qui se récusa en constatant que
la France n'était intéressée par la question des transpyrénéens que pour
la création d'une relation entre Paris et l'Afrique par Carthagène. |
Pourtant,
au pied des Pyrénées, la question passionnait les collectivités locales
et particulièrement les conseils généraux des Basses-Pyrénées, des Hautes-Pyrénées,
de la Haute-Garonne et de l'Ariège. |
Dans
les Basses-Pyrénées, la question du tracé divisait le conseil général.
Deux projets étaient possibles : Oloron - Jaca par le Somport ou Mauléon
- Roncal - Jaca par le port de Larrau. Ce dernier tracé était bien moins
coûteux et plus facile à réaliser : un tunnel international beaucoup plus
court et pas de tunnel hélicoïdal. Mais, la ligne du Somport soutenu par
Félix Larricq conseiller général d'Accous, l'emporta d'une voix le 24
août 1878. |
Finalement,
sur le plan international, les deux pays reprirent leurs discussions en
créant une commission internationale avec à sa tête les ingénieurs Decomble
et Page. Cette commission proposa une douzaine d'itinéraires : |
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de Saint-Étienne-de-Baïgorry à Pampelune, par les Aldudes, |
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de Mauléon à Roncal par le Port de Larrau ou celui d'Urdayte, |
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d'Oloron à Jaca par le Somport, |
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de Lourdes à Lérida par Luz et Gavarnie, |
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de Lannemezan à Lérida par les vallées d'Aure et de la Cinca, |
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de Luchon à Lérida par Benasque, |
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de Montréjeau à Lérida par le val d'Aran, |
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d'Ax-les-Thermes à Ripoll par le Puymorens et la Cerdagne, |
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de Prades à Puigcerda par le col de la Perche et la Cerdagne. |
La
carte des chemins de fer Pyrénéens |
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Pour
le tracé du Somport, la commission détermina en juillet 1880 la position
du tunnel et des deux gares internationales à établir de part et d'autre.
L'altitude du tunnel était d'environ 1200 mètres, et sa longueur de 8
kilomètres. La ligne de Huesca à Canfranc était déclarée d'utilité publique
en Espagne le 14 octobre 1880. |

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Haute
Vallée d'Aspe - Urdos
Les
Monts Bernère sous lesquels passera le Transpyrénéen
Phototypie Labouche Frères, Toulouse
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Decomble
n'était pas favorable au tracé du Somport. Ce chemin, disait-il dans un
rapport de 1881, " ne donnerait aucun bénéfice réel entre Paris ou
Pau et Madrid, car si l'on trouve en plan 55 kilomètres de moins sur la
piste du Somport que sur celle du chemin du Nord de l'Espagne (passage
côtier d'Hendaye), on vérifie bien vite que les difficultés de traction
feraient plus que supprimer dans la pratique l'avantage de ce raccourcissement."
Decomble préfèrait un tracé par Roncal. Il conclut son rapport en recommandant
la construction de deux Transpyrénéens : |
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"
1° - L'exécution dans le plus bref délai possible
du chemin de fer de Paris à Oran par Saint-Girons et Lérida
; |
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"
2°- L'exécution du chemin de fer de Paris à Madrid
par Mauléon et Roncal, avec embranchement d'Oloron à
Tardets par la vallée du Vert et de Salvatierra à
Huesca et Saragosse par Baïlo. " |
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En 1881,
les travaux de construction du tronçon Pau - Oloron-Sainte-Marie débutèrent.
Ils s'achèveront en 1883. Ces travaux faisaient parti du plan Freycinet,
vaste projet d'équipement visant à moderniser le pays et à désenclaver
les régions mal desservies par la construction de 9.000 km de lignes nouvelles.
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La commission
se réunit une nouvelle fois à Paris en 1884 sans parvenir à se mettre
d'accord sur le choix des tracés. |
L'Espagne
tenait beaucoup au projet de Canfranc. Aux yeux du gouvernement espagnol,
la ligne Madrid-Saragosse-Jaca-Oloron-Pau était le seul Transpyrénéen
indispensable. Au centre de la chaîne, il était une voie assurée à travers
l'Aragon province fidèle à Madrid et au roi d'Espagne, loin de l'agitation
carliste de Burgos et San Sébastien et du catalanisme de Barcelone. D'ailleurs,
le tronçon Huesca-Jaca sera construit assez rapidement et livré à l'exploitation
en 1893. |
La France
n'avait pas les mêmes intérêts et défendait d'autres tracés notamment
pour rejoindre ses colonies d'Afrique du Nord : Paris-Cadix, Paris-Carthagène.
C'est pourquoi la France proposait deux autres lignes : |
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la voie de Mauléon à Roncal, |
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la ligne, Paris-Toulouse-Saint-Girons-Lèrida à laquelle l'Espagne
n'était pas favorable car elle traversait une région pauvre et peu
peuplée. |
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Finalement,
le 13 février 1885, les deux gouvernements finirent par signer à Madrid
une convention prévoyant la construction de deux liaisons transpyrénéennes
: Oloron - Canfranc - Zuera et Saint-Girons - Lérida. |
Après
la signature de cette convention, les études techniques sur le Transpyrénéen
occidental reprirent dès juillet 1885 du côté espagnol. Une commission
de topographes et enquêteurs fut créée. L'ingénieur espagnol Joaquín Bellido
proposa de percer un tunnel international, long de 17 km, entre Urdos
et Villanúa. Le 26 mai 1887, lors d'une réunion à Pau, la commission se
divisa sur la question de l'altitude du tunnel du Somport. L'Etat-Major
espagnol trouvait que ce tunnel était situé trop bas et débouchait trop
loin de la frontière. Le souvenir des invasions napoléoniennes de 1814
était encore récent. A ce problème se rajoutèrent des désaccords entre
les deux pays sur des cartographies encore approximatives. De longs pourparlers
suivirent, plus ou moins actifs selon les vicissitudes de la politique
intérieure des deux pays. |
En 1893,
la Chambre des Députés adopta le projet de loi ayant pour objet de déclarer
d'utilité publique l'établissement d'un chemin de fer d'Oloron à Bedous.
Les négociations reprennent avec la création d'une nouvelle commission
internationale à l'initiative de l'Espagne pour étudier les modalités
de construction des deux lignes suivant la convention de 1885. |
En avril
1894, au cours d'une réunion de la commission, les Français décidèrent
de n'entreprendre aucun travaux tant que l'Espagne ne commencerait pas
à construire la ligne Noguera-Pallarersa voie d'accès au futur Transpyrénéen
central. |
Il faut
attendre 1896 pour que le dossier du Transpyrénéen soit tiré de la poussière
des cartons par Louis Barthou, député d'Oloron et Ministre des Travaux
publics. |
Du côté
de l'Ariège le projet de la ligne de Saint-Girons à Lérida n'avait guère
plus avancé. Pourtant ce tracé était géographiquement le plus central
et il était défendu par la chambre de commerce de Toulouse. Mais, des
vues différentes devaient prévaloir. Une commission d'ingénieurs proposa
un troisième tracé, celui d'Ax-les-Thermes à Ripoll nécessitant deux grands
tunnels et permettant de relier Toulouse à Barcelone. Il trouva un grand
soutien en la personne de Théophile Delcassé ministre des Affaires étrangères
et député de Foix, ville traversée par ce Transpyrénéen. |
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Louis
Barthou et Théophile Delcassé, le Béarnais et l'Ariégeois, tous
deux radicaux, furent des fervents promoteurs des liaisons transpyrénéennes. |
Louis
Barthou
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Théophile
Delcassé |
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C'est
pourquoi le traité de 1904 donna la priorité à ce dernier tracé et à celui
du Somport. Le 18 août, l'ambassadeur d'Espagne et Théophile Delcassé,
alors ministre des affaires étrangères, signèrent une convention internationale
prévoyant la construction, dans un délai de dix années, de trois transpyrénéens
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le Transpyrénéen Oriental, Ax-les-Thermes (Ariège) - Ripoll |
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le Transpyrénéen Central, Saint-Girons (Ariège) - Lérida par le
col de Salau |
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le Transpyrénéen Occidental, Oloron (Basses-Pyrénées ) - Zuéra par
le Somport |
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La ligne
Saint-Girons - Lérida ne sera jamais terminée. |
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La voie
est libre, la construction du transpyrénéen va pouvoir commencer.
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